La politique monétaire

 

Qu'est-ce que la politique monétaire ?

La politique monétaire consiste à agir sur l'activité économique par l'intermédiaire de la quantité de monnaie en circulation et /ou du taux d'intérêt.

Depuis le 1er janvier 1999, la politique monétaire des pays ayant adopté l'euro est placée sous la responsabilité de la Banque centrale européenne (BCE) qui décide des mesures destinées à agir sur les conditions de financement de l’économie.  Les banques centrales nationales sont chargées d’appliquer ces mesures.

Quels sont les objectifs de la politique monétaire ?

La mission officielle de la BCE est de procurer à l'économie la quantité de monnaie nécessaire pour favoriser la croissance tout en préservant la stabilité et la valeur de la monnaie au niveau interne (prix) et externe (change).

La politique monétaire doit, à la fois, éviter un excès de création monétaire et une insuffisance de liquidités susceptible de freiner l'activité économique (ni trop, ni trop peu). La quantité de monnaie en circulation dans une économie ne doit pas être faible car les agents économiques seront alors obligés de limiter leurs activités économiques : consommation, investissement et production. A l’inverse, une quantité de monnaie trop abondante met à la disposition des agents économiques un pouvoir d’achat bien supérieur à la quantité de biens disponibles, ce qui peut provoquer une hausse des prix et générer l’inflation.

Considérant que l'inflation résulte d'une création excessive de la monnaie, la BCE se consacre à la maîtrise de la croissance de la masse monétaire. L'objectif prioritaire qui est assigné à la BCE par le traité de Maastricht : maintenir le taux d'inflation inférieur à 2 %. Les indicateurs utilisés sont : le taux de croissance de la masse monétaire et le niveau des taux d'intérêt.

Quels sont les instruments de la politique monétaire ?

Afin d'atteindre les objectifs de la politique monétaire, trois instruments sont utilisés : la liquidité bancaire, les taux d'intérêt directeurs et le taux de change.

Pour réguler la masse monétaire, la BCE agit sur la liquidité des banques afin de réduire indirectement les montants des crédits accordés à l'économie. Pour cela, elle privilégie l'utilisation de deux instruments monétaires : les réserves obligatoires et les interventions sur le marché monétaire.

  • Les réserves obligatoires constituent un pourcentage des dépôts  que les banques commerciales doivent conserver de manière permanente sur leur compte ouvert auprès de la banque centrale. En augmentant ce taux, la BCE rend les banques moins liquides, ceci va les inciter à octroyer moins de crédit à leurs clients. Réciproquement, en baissant ce taux, la banque centrale incite les banques à octroyer plus de crédits et à créer plus de monnaie.
  • Quotidiennement, l'ensemble des banques se retrouvent sur le marché monétaire pour effectuer des opérations de prêts et d'emprunts de monnaie. Une banque qui a un besoin de liquidités peut se financer auprès des autres banques qui ont un excédent de liquidités. Les interventions de la banque centrale sur ce marché servent à gérer la situation de la liquidité. Si, par exemple, la banque centrale cherche à augmenter la liquidité du marché, elle va acheter massivement des créances (ex : bons du trésor détenus par les banques) et distribuer en contre partie de la monnaie supplémentaire. Inversement, si la banque centrale désire diminuer la liquidité du marché elle va vendre massivement des titres aux banques contre de la monnaie. Ces opérations "open market" ont pour résultat d’augmenter ou de diminuer les liquidités et donc de les rendre plus ou moins chères.

Pour agir sur les taux d’intérêt, les banques centrales utilisent les taux directeurs. Dans la zone euro, les banques qui ont besoin de liquidités à court terme peuvent emprunter auprès de la banque centrale de leur pays. Elles doivent payer un intérêt sur les sommes qu'elles empruntent. Le taux d'intérêt utilisé lors de ces opérations est appelé « taux directeur ». Les banques appliquent ce taux directeur plus une marge aux crédits qu'elles accordent à leurs propres clients. Ce taux a par conséquent une importance primordiale dans la distribution du crédit aux entreprises et aux ménages.

Schématiquement, lorsque la BCE augmente son taux directeur, le coût du crédit sera plus élevé car il faudra payer plus d’intérêt. Le résultat, en principe, est que les banques accorderont moins de crédit, ce qui freinera la croissance de la consommation et de l’investissement. La demande globale baissera et l’économie ralentira ainsi que l’inflation. Si au contraire la BCE diminue son taux directeur, le crédit sera moins cher, ce qui incitera les ménages et les entreprises à emprunter pour consommer et investir, ce qui accélérera la croissance économique ainsi que l’inflation.

La BCE est amenée à surveiller la position de l'euro sur le marché des changes par rapport aux devises étrangères.  

Quels sont les effets de la politique monétaire sur l'économie réelle ?

Les agents économiques sont confrontés à des besoins de financement pour consommer et investir. Les conditions auxquelles ces agents pourront trouver leur financement sont fixées via la politique monétaire.  Celle-ci exerce des effets sur l'activité et le comportement des agents économiques à travers quatre canaux de transmission : le taux d'intérêt, le crédit, l'effet de richesse et le taux de change.

  • Le taux d’intérêt : lorsque la banque centrale augmente ou diminue ses taux directeurs, le coût du crédit augmente ou diminue. En rendant le coût du capital moins cher, la baisse des taux d'intérêt dynamise l'investissement des entreprises et la consommation des ménages.
  • Le crédit : en rendant l'accès au crédit plus ou moins facile et plus ou moins coûteux, la politique monétaire agit sur l'offre et la demande de biens et de services. Durant la crise financière de 2007-2008, ce canal a mal fonctionné dans les pays touchés par la crise, entraînant un "crédit crunch". Le crédit crunch désigne un phénomène selon lequel les banques rationnent quantitativement leur offre de crédit, quel que soit le taux auquel l’emprunteur est prêt à prendre le crédit. Le crédit crunch est difficile à appréhender et à gérer pour les autorités monétaires.
  • L'effet de richesse traduit la variation de la demande consécutive à la variation de la valeur du patrimoine des agents économiques. Lorsque les patrimoines enregistrent des moins-values, cela incite les agents économiques à consommer moins et à épargner plus.  Inversement, lorsque les patrimoines enregistrent des plus-values, cela les incite à consommer plus et à épargner moins.
  • Le taux de change : les fluctuations des taux de change ont une influence directe sur les coûts des importations et des exportations. Une baisse du taux de change renchérit les importations et peut stimuler les exportations en diminuant leurs prix.

Quelles sont les orientations de la politique monétaire ?

C’est autour de cette question que s’affrontent les monétaristes et les keynésiens. Les monétaristes prônent une politique monétaire restrictive tandis que les keynésiens préconisent une politique monétaire expansionniste.

  • Selon la théorie monétariste (Milton Friedman), l’inflation a des causes uniquement monétaires. Elle croit lorsque la masse monétaire est trop importante. La politique monétaire doit donc se limiter à contrôler les causes de cette inflation. En période d'inflation, une politique monétaire restrictive est susceptible de réduire les tensions inflationnistes. Cette politique se traduit par la hausse des taux d'intérêt et la diminution des liquidités bancaires, ce qui aboutit à une baisse des crédits distribués, une baisse de la consommation et de l'investissement, une baisse de la demande et la réduction des tensions inflationnistes. Cette politique comporte deux risques majeurs : le ralentissement de la croissance et l'augmentation du chômage.
  • Pour les keynésiens, la politique monétaire ne doit pas avoir pour seul objectif la lutte contre l’inflation mais elle doit également poursuivre des objectifs de croissance économique, de production et d’emploi. Ainsi,  en période de crise, une politique d'expansion monétaire est susceptible de stimuler la demande globale. Elle se traduit par la baisse des taux d'intérêt et un accroissement des liquidités bancaires, ce qui aboutit  à un accroissement de l'offre de crédit, à l’augmentation de la consommation et de l'investissement et donc à l’augmentation de la demande globale.C'est une politique qui doit être conduite avec précaution car elle peut générer de l'inflation.

Depuis 2008, du fait d’une situation de crise, le canal du crédit et le canal du taux d’intérêt fonctionnent mal. Pour éviter le blocage de ces deux canaux essentiels au financement de l’économie, la BCE a mis en œuvre une politique non conventionnelle. Trois mesures ont été prises : augmenter massivement la quantité de monnaie fournie aux banques, maintenir des taux directeurs faibles et acheter des titres aux banques (y compris les titres de mauvaise qualité).