Le partage inégal des revenus et du patrimoine

 

Quel est le lien entre le revenu et le patrimoine d’un agent économique ?

Le revenu désigne l'argent qu'un individu ou un ménage gagne en une année. Les individus peuvent obtenir leurs revenus de différentes sources : travail et actifs possédés (biens immobiliers ou mobiliers, épargne..)

Le patrimoine d’un agent économique correspond à l’ensemble des biens qu’il possède à un moment donné : biens meubles, immeubles, droits et créances. Le patrimoine net d'un agent désigne la valeur de ses actifs, moins ses dettes et les engagements financiers qu'il a contractés. Le patrimoine d'un individu peut être obtenu par héritage ou par accumulation de revenus salariaux et/ou non salariaux.

Revenu et patrimoine sont liés. Avec des revenus, on peut acquérir des actifs qui sont susceptibles de générer des revenus. Le revenu est un flux. Le patrimoine est un stock. Le flux alimente le stock et le stock génère à nouveau le flux qui alimente encore le stock..

Comment s’effectue la répartition des richesses créées par les activités de production ?

La répartition des richesses créées par les activités de production s’effectue en deux temps. Tout d’abord, la répartition primaire rémunère les facteurs de production, puis, dans un second temps, la répartition secondaire modifie la répartition primaire par des mécanismes de redistribution destinés à la corriger.

La répartition primaire permet aux ménages de percevoir des revenus en contrepartie de leur participation à l’activité économique. Ces revenus primaires proviennent de la répartition de la valeur ajoutée créée par les entreprises. Parmi ces revenus, on distingue :

  • Les revenus d'activité : revenus du travail salarié
  • Les revenus de la propriété (ou du capital) : revenus liés à la détention d’un actif, on les appelle aussi revenus du capital. Les revenus de la propriété immobilière sont les loyers et fermages. Les revenus de la propriété mobilière sont les dividendes perçus par les actionnaires et les intérêts perçus par les épargnants
  • Les revenus mixtes : revenus des entrepreneurs individuels

Les revenus primaires des ménages ne correspondent pas aux revenus dont ils disposent effectivement pour consommer ou épargner. Cette répartition primaire est corrigée par des mesures de redistribution des revenus par le biais des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) et des prestations sociales.

Les revenus secondaires ou de transfert sont constitués par l’ensemble des prestations sociales perçues par les ménages en contrepartie de droits reconnus par la société (pensions de retraite, allocations familiales, allocations de chômage….). Cette répartition secondaire des revenus vise essentiellement des objectifs sociaux tels que la lutte contre les inégalités et la pauvreté par exemple.

Le revenu disponible est la somme des revenus primaires et secondaires, diminuée des prélèvements obligatoires. C'est le revenu disponible pour la consommation et l'épargne.

Au terme de ces opérations de redistribution, on observe des inégalités de revenu disponible et de niveau de vie.

Comment mesurer les inégalités de revenus et de patrimoine des ménages ?

Pour mesurer l’inégale répartition des revenus et des patrimoines, trois outils sont utilisés: la courbe de LORENZ, l'indice de GINI et la courbe de KUZNETS.

La courbe de Lorenz est une courbe qui représente la répartition des richesses d’une population donnée entre ses différents déciles. Les déciles sont des valeurs qui partagent un effectif ou une population en 10 groupes égaux. Un décile représente donc 10% d'une population. Dans le graphique de Lorenz, le premier décile (D1) regroupe les 10% les plus pauvres. Le neuvième décile (D9) regroupe les 10% les plus riches. La bissectrice du graphique représente une égale répartition des richesses (10 % des agents détiennent 10 % des richesses, 20 % en détiennent 20 %, etc.). Toute courbe située sous cette diagonale implique une inégalité de répartition plus ou moins marquée.  Dans les pays développés, les inégalités se mesurent par le rapport entre le revenu moyen des 10% les plus riches (D9) et celui des 10% plus pauvres (D1). En France, le rapport D9/D1  est de 7 environ contre 16 aux États-Unis.

L’indice ou le coefficient de Gini se calcule à partir de la courbe de Lorenz. Il est compris entre 0 (situation d’égalité parfaite) et 1 (situation la plus inégalitaire). Il est représenté graphiquement par la surface entre la courbe de Lorenz et la diagonale. En France, le coefficient de Gini est de 0,36.

Simon Kuznets a montré que lorsque les économies se développent, les inégalités évoluent. Dans un premier temps, l'expansion économique provoque un creusement des inégalités. Dans un deuxième temps, les inégalités finissent par décliner. La courbe de Kuznets montre un graphique en U inversé où l’axe des ordonnées représente les inégalités, et l’axe des abscisses le revenu par habitant. Elle permet de mieux situer le stade de développement d’une nation à un moment donné. Cette "loi de Kuznets" a été pendant longtemps vérifiée : on a constaté une longue période de réduction des écarts entre les riches et les pauvres.

Cependant, cette "loi" est aujourd'hui réfutée : on observe depuis 1980, un accroissement des inégalités dans de nombreux pays développés. Depuis trois  décennies, les inégalités  de revenus s'aggravent en France et dans les autres pays de l'OCDE. Elles varient fortement d'un pays à l'autre: elles sont assez faibles dans les pays nordiques ; elles sont moyennes en France et dans les pays voisins ; elles sont nettement plus élevées aux États-Unis.

En France, les inégalités de patrimoine sont plus importantes que les inégalités de revenus. En raison du lien entre revenu et patrimoine, les inégalités de patrimoine augmentent les inégalités de revenus entre les ménages.

Comment mesurer la pauvreté ?

On distingue la pauvreté absolue et la pauvreté relative.

  • La pauvreté absolue apparaît quand des êtres humains n'ont plus les moyens de se procurer de quoi satisfaire leurs besoins vitaux. En France, la pauvreté absolue est limitée.
  • La pauvreté relative signifie que les gens sont pauvres au regard de ce que possèdent les autres. Dans cette conception, être pauvre, c'est disposer d'un revenu inférieur à un certain seuil. Pour mesurer la pauvreté relative, on utilise une fraction du revenu médian : 50 % pour la France, 60 % pour l'Union européenne. Le revenu médian est celui qui partage en deux parties égales la population, une moitié dispose de plus et l'autre de moins.

Selon une étude de l'INSEE, en France en 2009, 7,5 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté relatif de 50 % et 13,5 % sous le seuil de pauvreté de 60 %. En France, en 2009, pour une personne seule, le seuil de pauvreté relatif est de 795 euros (seuil à 50 %) ou de 954 euros (seuil à 60 %).