Les institutions financières et leur rôle dans le financement de l’économie

 

Quelles sont les principales institutions financières en France ?

Les institutions financières participent au financement de l'économie par l'octroi de prêts. Les principales institutions financières en France sont :

  • La Banque de France : participe à la mise en œuvre de la politique monétaire sous l'autorité de la Banque centrale européenne. Elle peut créer de la monnaie et détient les réserves obligatoires des banques commerciales. Effectue les opérations de banque pour le compte de différents agents (État, collectivités locales … )
  • Les banques commerciales : ce sont tous les établissements de crédit habilités à effectuer toutes les opérations de banque (réception des fonds du public, opérations de crédit, gestion des moyens de paiement…). Elles peuvent créer de la monnaie scripturale en accordant des crédits. Elles peuvent intervenir en tant qu’emprunteur et prêteur sur les marchés de capitaux. Elles font du négoce des titres (trading). Ex. : Société générale, BNP Paribas…
  • Les banques mutualistes ou coopératives : ce sont des établissements de crédit qui peuvent effectuer les opérations de banque et créer de la monnaie en accordant des crédits. Ex. : Crédit agricole, Crédit mutuel, Caisses d'épargne…
  • Les sociétés financières exercent des activités spécialisées : crédit-bail, immobilier, crédit à la consommation…Ex. : Crédit foncier, Cetelem, Sofinoga…
  • Les institutions financières spécialisées : Ex : OSEO (organisme de financement des innovations), CDC (caisse des dépôts et consignations qui gère les fonds collectés par les caisses d'épargne …). 

A quoi correspond l'intermédiation financière ?

L'intermédiation financière est une fonction assurée par un agent financier, consistant à intervenir comme intermédiaire entre les agents qui disposent d'une épargne à placer et ceux qui souhaitent emprunter.

L'intermédiation financière comporte deux aspects : intermédiation de marché et intermédiation de bilan :

  • L'intermédiation de marché est assurée par les entreprises d'investissement, «personnes morales, autres que les Établissements de crédit, qui ont pour profession habituelle et principale de fournir des services d’investissement ». Les activités principales de l'intermédiaire de marché sont la transmission et l’exécution d’ordres portant sur les instruments financiers (actions et autres titres).
  • Les banques commerciales assurent l'essentiel de l'intermédiation de bilan. Elles accordent des crédits aux agents à besoin de financement à partir de leurs ressources propres et des dépôts collectés auprès des agents à capacité de financement. Les dépôts reçus et les crédits octroyés sont inscrits dans le bilan de la banque, les dépôts comme dettes et les crédits comme créances.

Quelles sont les raisons de l'existence de l'intermédiation bancaire ?

Les institutions financières qui assurent une partie importante du financement des activités économiques, permettent de palier les imperfections et les défaillances du marché financier en transformant l'épargne, en diminuant les coûts de transaction, en limitant les conséquences de l'asymétrie d'information et en assumant le risque lié aux opérations de prêt.

  • L'intermédiaire opère une transformation de l'épargne : l'acte de financement se heurte à l'incompatibilité des préférences des prêteurs et des emprunteurs. Les épargnants-prêteurs souhaitent en général placer leur épargne en limitant les risques et en conservant une certaine liquidité. Les emprunteurs souhaitent souvent obtenir des financements à moyen et long terme pour financer des opérations risquées et qui nécessitent des capitaux immobilisés. Afin de limiter les incompatibilités des préférences des prêteurs et emprunteurs, la banque transforme les caractéristiques (montant, durée, rémunération et liquidité) des dépôts reçus :
  • Montant : en organisant la collecte des ressources, l'intermédiaire permet le financement de projets lourds, mobilisant un capital plus important que l’épargne collectée auprès d’un déposant. Il transforme de faibles montants d'épargne en montants élevés de prêts.
  • Durée : l'horizon temporel des prêteurs et des emprunteurs n'est pas toujours le même. Les prêteurs ont une préférence pour le court terme. Les emprunteurs ont des projets d'investissement à plus long terme. L'intermédiaire bancaire permet de limiter cette incompatibilité d'échéance entre le prêteur et l'emprunteur. Il transforme des placements à court terme en prêts à long terme : "Il fait du long avec du court".
  • Rémunération : le banquier reçoit des dépôts de ses clients et emprunte au taux d'intérêt à court terme du moment, pour prêter à moyen et long termes à un taux d'intérêt supérieur. La différence entre le taux de prêt et le taux d'emprunt lui sert de rémunération.
  • Liquidité : les prêteurs ont une préférence pour la liquidité, c'est-à-dire la possibilité de récupérer les fonds si besoin est. L'intermédiaire financier qui collecte des ressources à court terme et les prête à long terme, fait le pari que tous les épargnants ne viendront pas simultanément récupérer leurs fonds.
  • L'intermédiaire permet la réduction des coûts de transaction liés à un prêt : l'acte de financement génère des coûts de transactions. Si un agent souhaite prêter une certaine somme d'argent à un autre agent, l'opération va entraîner un certain nombre de coûts appelés "coûts de transaction" :
  • Avant le prêt : coûts de recherche des partenaires potentiels, coûts de recherche de l'information sur les emprunteurs, coûts de négociation des conditions du prêt et de rédaction du contrat….
  • Après le prêt : le prêteur doit s'assurer du remboursement du prêt, du recouvrement en cas de défaillance de l'emprunteur…

Afin d'éviter de perdre du temps et de l'argent, prêteurs et emprunteurs préfèrent s'adresser à un intermédiaire pour mener à bien les opérations de financement. L'intermédiaire possède le savoir-faire nécessaire pour mener à bien ce type d'opération. Il accomplit un nombre élevé d'opérations identiques et réalise de fait des économies d'échelle.

  • L'intermédiaire réduit les asymétries d'information liées à un prêt : un épargnant qui désire placer ses capitaux, court le risque de voir son emprunteur devenir insolvable. Le prêteur doit donc évaluer les risques présentés par les différents emprunteurs. Cependant, l'emprunteur peut cacher des informations au prêteur afin d'obtenir les capitaux. L'acte de financement est donc caractérisé par des asymétries d'information. Compte tenu de ces asymétries, le prêteur court le risque de prêter son argent à un emprunteur présentant des risques importants. Lorsque le risque est difficile à apprécier ou apparaît trop fort, le prêteur potentiel s'abstient de prêter ses fonds.
  • L'acte de financement génère un risque que l'intermédiaire bancaire peut assumer à la place des épargnants. Il est plus à même d'apprécier le risque et, dans la mesure où il a de nombreux débiteurs, il peut compenser plus facilement l'insolvabilité de l'un d'eux. Il sélectionne les emprunteurs et collecte des informations les concernant. Il ne prête, en principe, qu'aux clients solvables et pour des projets valables. Il met en œuvre des procédures de contrôle afin de suivre les emprunteurs jusqu'au remboursement. Il limite donc le risque d'insolvabilité couru par les prêteurs de capitaux.

Quelle est la spécificité de l'activité bancaire ?

En France, les banques commerciales jouent un rôle majeur dans la distribution de crédit à l'économie. Deux types de financement bancaire sont à distinguer : le financement non monétaire et le financement monétaire.

  • Le financement non monétaire : lorsqu’une banque distribue des crédits en puisant dans une épargne préalablement collectée, elle réalise une simple transformation financière et prête de la monnaie qu'on lui a confiée. Ce type de financement, lié à des ressources préexistantes, est qualifié de financement non monétaire.
  • Le financement monétaire : lorsqu’une banque accorde un crédit sans épargne préalable, elle crée de la monnaie scripturale : dans ce cas, elle inscrit au crédit du bénéficiaire la somme demandée. Ce type de financement qui est une spécificité de l'activité bancaire, est qualifié de financement monétaire. Lorsque le client de la banque rembourse son crédit, il y a destruction de la monnaie scripturale. Les banques voient donc successivement la monnaie qu'elles créent augmenter ou diminuer en fonction des opérations de création et de remboursement.

Cependant, la création monétaire opérée par les banques est régulée par la BCE pour éviter une augmentation excessive de la quantité de monnaie dans l'économie.

Quelles relations de complémentarité entre institutions financières et marché financier dans le financement de l’économie?

Depuis les années 1990, le rôle des institutions financières dans le financement de l'économie s'est significativement modifié :

  • Baisse du taux d'intermédiation bancaire : le taux d'intermédiation mesure la part prise par les institutions financières dans le financement global des agents non financiers. Cette baisse reflète l'importance croissante prise par les marchés financiers dans le financement de l'économie.
  • Les interventions des institutions financières sur les marchés financiers se sont développées. Les banques ne limitent pas leurs activités au crédit. Elles procèdent également à une intermédiation de marché sur titres. Certaines institutions sont devenues des investisseurs très actifs en prenant des participations dans le capital de nombreuses entreprises et en émettant des titres sur les marchés financiers. Le développement des marchés financiers n'a pas marginalisé les banques. Celles-ci ont réagi en multipliant les métiers : gestion d'actifs pour le compte de leurs clients, services sophistiqués pour les grandes entreprises, transformation de crédits bancaires en titres financiers (la titrisation)…