Les limites à l’efficacité des politiques économiques

 

Quelles sont les limites à l'efficacité des politiques économiques nationales ?

Les politiques économiques nationales sont contraintes par la mondialisation de l'économie et par l'incompatibilité des objectifs économiques.

  • Les effets de la mondialisation de l’économie : dans le domaine productif, les stratégies des firmes multinationales  peuvent perturber les politiques industrielles et d'emploi des pouvoirs publics (ex: délocalisations). Dans le domaine monétaire, la politique de la BCE peut être contrée par les mouvements internationaux des capitaux. Dans le domaine budgétaire, le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) réduit les marges de manœuvre budgétaire des États.
  • L'incompatibilité des objectifs de la politique économique : dans le cadre d'une politique de relance, l'augmentation des dépenses publiques n'implique pas nécessairement une augmentation de la demande. Cette dernière peut avoir comme effets positifs la hausse de la production des entreprises et la baisse du chômage. Elle peut avoir également deux effets pervers : le risque d'inflation et la hausse des importations.

Quelles sont les limites à l'efficacité de la politique budgétaire?

Deux contraintes principales limitent actuellement l'efficacité de la politique budgétaire : la contrainte européenne et la contrainte liée à l'endettement public.

  • La contrainte européenne : les règles budgétaires dans l'UE, réduisent les possibilités de mettre œuvre une politique budgétaire capable de relancer la croissance en période de ralentissement. Le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) fixe des limites à la politique budgétaire des pays de la zone euro. Les déficits publics ne peuvent pas dépasser 3% du PIB et l'endettement public est limité à 60 % du PIB.

Par ailleurs, dans la zone euro, il est difficile de coordonner la politique monétaire unique, définie au niveau européen, et les politiques budgétaires nationales. Or, la politique économique conjoncturelle n'est efficace que si les politiques monétaire et budgétaire sont utilisées conjointement pour atteindre le même objectif (Policy mix).

  • La contrainte liée à l'endettement public : le recours à l’emprunt pour financer les dépenses publiques entraine un effet "boule de neige " et pose un problème à long terme de soutenabilité des finances publiques.
  • Effet boule de neige : en cas de financement du déficit budgétaire par emprunt, plusieurs années de déficit  peuvent conduire à une accumulation de la dette publique. Un risque important apparaît alors, celui d'un «effet boule de neige» de la dette. Il s'agit d'un cercle vicieux d'autoalimentation de la dette. Une dette importante implique le versement d'intérêts considérables aux épargnants créanciers de l'État. Le poids de ces intérêts aggrave le déficit et conduit à un nouvel endettement public qui, à son tour, conduira à un niveau d'intérêts encore plus important, etc.
  • La soutenabilité de la dette : lorsque la dette publique s’accroît fortement, cela pose deux problèmes :
  • Une grande part des dépenses étant affectée au paiement du service de la dette (15,6 % en 2009 pour la France, par exemple),
  • L’État peut se retrouver dans une situation d’insolvabilité, incapable de  faire face au remboursement de la dette (la situation de la Grèce en 2010 caractérise cet état d’insolvabilité).

L'utilisation du déficit budgétaire se heurte à plusieurs critiques théoriques des économistes libéraux :

  • L'effet d'éviction : si le déficit budgétaire est financé grâce à des emprunts auprès des agents économiques, se pose le problème de l'effet d'éviction. Le recours à l'emprunt pour financer le déficit budgétaire provoque un déplacement de l'épargne disponible vers le secteur public au détriment des autres agents économiques. L'effet d'éviction est un phénomène qui conduit à un rationnement de la demande de capitaux des agents privés sur le marché financier du fait de la présence de l’État, cela peut entraîner une baisse de l’investissement privé et freiner l’effet de relance impulsé par la politique budgétaire. L’éviction s’appuie sur deux mécanismes :
  • Un effet quantité : l’État est un emprunteur important qui offre des garanties solides, il sera donc servi en priorité par les prêteurs ce qui réduit d’autant la quantité de capitaux disponibles pour les autres emprunteurs.
  • Un effet prix : l’augmentation de la demande de capitaux sur les marchés financiers face à une offre inchangée conduit à une hausse des taux d’intérêt. Les capitaux deviennent ainsi plus coûteux pour les emprunteurs privés.
  • L'effet Laffer : selon l'économiste Arthur Laffer, l'impôt est une source de désincitation au travail. Au delà d'un seuil d'imposition, les individus sont incités à réduire leur activité économique. Cela a deux effets majeurs : un frein pour la croissance économique, puisque l’activité se ralentit et une baisse des recettes de l’État (d’où l’expression « Trop d’impôt tue l’impôt »).
  • L'effet Ricardo-Barro : selon la théorie de l’équivalence ricardienne (Ricardo-Barro), les anticipations des agents économiques peuvent limiter l'efficacité d'une politique budgétaire. Dans le cas d’une politique de relance financée par l’emprunt, les agents économiques anticipent une hausse future des impôts. Pour se préparer à les payer, ils vont donc épargner davantage, réduisant de ce fait l’effet multiplicateur. Les agents économiques connaissent l’ensemble des effets induits par les politiques économiques mises en place, notamment l’inflation. Ils ne seraient alors pas dupes et n’augmenteraient pas leurs dépenses, anticipant la dégradation de leur pouvoir d’achat.
  • Les « fuites » dans une économie ouverte : l'effet multiplicateur n'est pas garanti, notamment dans le cas des économies à haut degré d'ouverture sur l'étranger. Il peut être affaibli par deux fuites principales : l’épargne, et la consommation de produits importés. Si la hausse des revenus induite par la politique économique est affectée en grande partie à l’épargne, cela n’a pas d’effet d’entraînement positif sur l’économie : pas de consommation donc pas de production supplémentaire. Si, dans le cadre d'une politique de relance, une grande partie des revenus distribués se porte sur la consommation de produits importés, l'augmentation de la demande peut se traduire par une augmentation des importations et non de la production nationale, ce qui va entraîner une relance de la production des pays en question, mais n’aura aucun impact sur l’économie nationale.

Quelles sont les limites à l'efficacité de la politique monétaire ?

Trois contraintes limitent l'efficacité de la politique monétaire :

  • Une politique monétaire restrictive exclusivement centrée sur la lutte contre l'inflation fragilise la croissance économique.
  • L'internationalisation des marchés de capitaux impose à la BCE la prise en compte des taux d'intérêt offerts sur les marchés financiers internationaux.
  • Dans la zone euro, la politique monétaire appartient à la BCE, les gouvernements ne peuvent pas agir sur la politique monétaire. Or, une même politique monétaire ne peut pas exercer les mêmes effets selon les pays, compte tenu de l'hétérogénéité des économies des pays de la zone euro. Les situations conjoncturelles sont diverses et réclament des politiques monétaires adaptées.