L’Etat et le fonctionnement du marché

 

Quels sont les dysfonctionnements que connaissent certains marchés ?

Les dysfonctionnements des marchés sont coûteux pour les consommateurs en termes de quantités de biens disponibles et en terme de prix à payer. Les dysfonctionnements peuvent concerner l'information relative aux biens échangés ou le comportement des offreurs.

  • L'insuffisance d'information : sur la plupart des marchés, l'information du consommateur est limitée. La publicité ne véhicule pas des informations fiables.
  • L'asymétrie d'information : certains marchés sont caractérisés par une asymétrie d'information. C'est une situation où les acheteurs connaissent mal la qualité d'un bien qu'ils envisagent d'acquérir. Les vendeurs vont tenter de leur proposer le bien à un prix excessif. Dans ces conditions, les acheteurs ne font plus confiance aux vendeurs puisqu'un prix élevé n'est plus synonyme de qualité. D'où l'élimination des bons produits et la réduction des échanges.
  • Les concentrations excessives : les concentrations sont des regroupements d'entreprises concurrentes dans le but de réduire le nombre de concurrents sur un marché. Elles peuvent conduire à la constitution d’un monopole (un seul offreur qui contrôle le marché) ou d'un oligopole (un nombre réduit de concurrents qui se partagent un marché).  Dans ces deux cas, le prix est défini par l'offre et non par le marché.
  • Les ententes : les ententes sont des arrangements entre entreprises concurrentes, destinés à limiter ou à éliminer la concurrence s'exerçant entre elles. Le but des ententes est d'augmenter les prix et les bénéfices des entreprises participantes.

Quelles sont les défaillances que connaissent certains marchés ?

Les défaillances du marché concernent les externalités et les biens publics.

Une externalité (ou effet externe) est une situation par laquelle un agent économique occasionne par son action un impact sur un tiers ou un milieu sans qu'il y ait compensation financière.

Si l'impact est un bienfait, on parle d'externalité positive (Ex : lorsque l'Etat finance des infrastructures, il crée des effets bénéfiques pour l'activité économique). Si l'impact est un dommage, on parle d'externalité négative.

Une externalité négative est une défaillance du marché. Ce concept s'est largement développé dans les années récentes pour rendre compte des nuisances entraînées par l'activité économique.

Exemple d’externalité : la pollution engendrée par une usine chimique entraîne des effets externes négatifs sur le territoire dans lequel elle est située. Les dégâts causés aux riverains, à la  faune, à la flore et aux nappes phréatiques ne sont pas pris en compte financièrement par l'entreprise polluante.

Un bien public (ou collectif) est un bien susceptible d'être consommé par plusieurs consommateurs en même temps.  (Exemples : l’éclairage public, l'eau d'une fontaine, la défense nationale ; la justice…). 

Un bien public présente deux caractéristiques :

  • ​​Il est indivisible : la consommation d'un individu ne réduit pas la quantité disponible pour les autres. Il n’existe pas de rivalité entre les consommateurs.
  • Il est non excluable : il est impossible d'exclure un consommateur de l'accès à ce bien par un mécanisme de prix

Les biens publics ne peuvent être satisfaits par le marché pour deux raisons:

  • Du coté de l'offre : aucune entreprise privée ne serait en mesure de les produire avec profit.
  • ​​Du coté de la demande : les consommateurs adopteraient le comportement de passager clandestin (profiter d'un bien sans payer)

C'est donc l'Etat qui doit assumer la fourniture des biens publics en faisant supporter le coût à la collectivité par l'intermédiaire de la fiscalité.

Pourquoi l'Etat intervient-il dans le fonctionnement du marché ?

L'activité économique est prise en charge par le marché qui coordonne l'offre (production) et la demande (consommation et investissement). Mais certains marchés connaissent des dysfonctionnements tandis que d'autres  connaissent des défaillances. L'Etat va donc intervenir pour :

  • Mettre en place un cadre institutionnel qui assure le bon fonctionnement des marchés
  • Se substituer aux marchés, pallier leurs défaillances et corriger leurs inefficacités

Quel cadre institutionnel pour assurer le bon fonctionnement des marchés ?

Le fonctionnement du marché repose sur des règles qui visent à sécuriser les transactions. L'ensemble de ces règles constitue le cadre institutionnel. Objectifs recherchés :

  • Promouvoir une concurrence loyale
  • Garantir la qualité de l'information
  • Assurer la transparence des marchés
  • Etablir la traçabilité des produits
  • Contrôler les campagnes publicitaires

L'Etat, l'UE ou les Autorités indépendantes (CSA, AMF…) contrôlent l'application des règles et, le cas échéant, sanctionnent les infractions commises.

Comment l'Etat se substitue au marché pour pallier ses défaillances et corriger ses dysfonctionnements ?

En raison des externalités positives qu'ils génèrent, c'est l'Etat qui prend en charge la production des biens publics, seul ou en partenariat avec un organisme privé.

L'Etat peut également encourager les activités produisant des externalités positives en prenant des mesures incitatives : exonérations fiscales, subventions.

 A l'inverse, l'Etat peut contrôler les activités génératrices d'externalités négatives par :

  • La réglementation (ex : normes)
  • Des incitations fiscales
  • La création d'un marché particulier (ex : marché du CO2)